Ich habe genug



Tout a commencé le dimanche, avec la Passion selon Saint Jean dirigée par Jean Marc Andrieu, et c'était bien.
La Saint Mathieu d'il y a deux ans aussi c'était bien, mais j'ai une faiblesse coupable pour la Saint Jean.
Avant la Saint Mathieu il y avait eu une rencontre avec JM Andrieu. Et c'était bien de l'entendre parler de l’œuvre. Un peu comme quand Didier Charton te cause du Stabat Mater de Pergolèse : tant que çà dure tu comprends, tu te sens intelligent et c'est super facile. Puis il se tait, tu te lèves, tu t'en vas et tu te rends alors compte que t'es pas si brillant que çà, qu'en fait t'as rien compris. En vain, tu essaie de retenir quelques bribes qui, inexorablement, disparaissent. Et finalement tu te souviens seulement qu'à un moment il t'a semblé y être arrivé.

La Saint Jean, la version que j'écoute le plus souvent : c'est celle qui a récemment été dirigée par René Jacobs.





Sauf que là c'était en vrai, avec pléthore de choristes, un bel ensemble et de remarquables solistes, depuis l'évangéliste jusqu'à Pilate. Et c'était vachement bien.
Il n'y a guère que l'alto qui était un peu dans les choux.
En revanche du côté des chœurs tout baignait.
Le plus réjouissant était sans doute le spectacle offert par deux marmots de la maîtrise du conservatoire de Toulouse : ils chantaient à gorge déployée, avec une énergie et une gestuelle proches de la danse.

Bref : j'ai a-d-o-r-é.


Le lendemain, changement de partoche : tout confit de Bach - le type qui arrive à te faire croire que l'allemand est une langue mélodieuse - j'allais au centre d’œnologie de Toulouse pour y écouter Georg Mei
ßner dans le cadre de la journée biodynamie qu'il y animait.
Bach et ses cantates m'y ont accompagné.





La dernière fois je n'avais pu m'y rendre, pourtant j'en avais envie : c'est qu'on m'oppose souvent ses travaux en me disant, par exemple, qu'il a des résultats intéressants, voire troublants.
Puis sa thèse, Geisenheim, tout çà ...



Donc j'y suis allé : "Moi, misérable humain, moi, serviteur du péché" (BWV 55 : "Ich armer Mensch, ich Sündenknecht").
Heureusement Meissner parle très bien français. "Heureusement" bien que j'ai fait (subi !) allemand première langue au Lycée.
7 ans de souffrance.
Après l'oral du bac - qui portait sur un texte de Goethe (après çà on s'étonnera de mes réticences envers Steiner et la biodynamie ... inspirés de Goethe) - l'examinateur me dit : "je vous mets 9 : décemment, je ne peux pas faire plus".
Lucide autant que soulagé (et peut-être un rien téméraire ?) je lui avais répondu : "je n'en espérais pas tant".


C'est donc en français que se déroulait la présentation de Mei
ßner, et elle débutait un peu sur le mode : "Monde perfide, je ne te fais pas confiance" (BWV 52 : "Falsche Welt, dir trau ich nicht").

Car nous avons droit à un florilège des avanies du monde moderne et de ses avatars.
La liste est longue, noire, n'aurait pas été reniée par Prévert (raton laveur final en moins), mais ne sert à rien sinon à faire trembler d'horreur un auditoire convaincu et bailler d'ennui le chieur de service (moi).
En outre les chiffres qu'il annonce mélangent allègrement bio et biodynamie.
Ça fait un bel effet de masse mais "En vérité, en vérité, je vous le dis" (BWV 86 : "Wahrlich, wahrlich, ich sage euch"), çà n'aide guère à s'y retrouver.

De plus sa parabole pseudo philosophique de la montagne et du point de vue d'où tu la regardes, franchement ...
Elle donne à peu près ceci :
"voilà la montagne. Si tu la regardes d'un côté ou de l'autre, avec un microscope ou des jumelles ou à l’œil nu, ben tu ne vois pas la même chose, donc tu ne fais pas la même description. Pourtant c'est la même montagne. Ben la biodynamie c'est çà : tu regardes la montagne autrement".

Oui, il nous inflige une sorte de "tout est relatif" à la sauce : "il y a différents modèles descriptifs qui ne sont pas nécessairement contradictoires".

Cool, et merci de ton aide.

On est vachement avancés.

Mais le bon côté des montagnes c'est que souvent y a des marmottes (mon animal totémique, au moins sur ce blog car dans la vraie vie c'est le racoon et le chaton). M'enfin quand je réalise que je suis venu là pour y écouter un type dans l'espoir qu'il parlera de ses recherches et qu'en fait il me fait un cours de philo de niveau CP je sens monter "Les pleurs et les lamentations, les tourments et le découragement" (BWV 12 : "Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen").


Vient alors un long passage sur Cusanus (je te laisse demander à google), puis cette phrase : "la biodynamie c'est les cornes et le calendrier lunaire, mais ce n'est pas que çà".

Pensant que le moment de la révélation est venu, je me dis aussitôt : "Engage-toi sur le sentier de la foi" (BWV 152 : Tritt auf die Glaubensbahn).

Las : nous restons dans les figures imposées et l'exercice de style.
Florilège de ce qui s'ensuit :

- une allusion poussée à Rudolf Steiner "qui a annoncé la crise de la vache folle". J'évoquais cette fumisterie dans un précédent billet, il n'est donc pas utile d'y revenir ici.


- une leçon sur le corps astral, le corps physique et le corps éthéral avec leurs distinctions et leur organisation. Le tout appuyé par une messe soutenue sur fond de chants d'oiseau : "Le ciel rit, la terre jubile" (BWV 31 : Der Himmel lacht, die Erde jubiliert), versus les aires couvertes de béton.

- une évocation confuse du rôle des abeilles et de leurs interventions sur les fleurs secondaires, de l'effet que cela a sur la formation d'auxine et des conséquence de tout ceci sur la taille des pommes.



Vient alors un aperçu de l'idéal agricole de Steiner : la ferme est "un organisme indépendant".
Mais ceci pourrait, selon Mei
ßner, être transposé non pas au niveau de l'exploitation elle même mais, plus largement, au niveau de la micro région, voire même au niveau global.



Adieu donc à la polyculture élevage chère à Steiner et qui, bien avant lui, fut prônée et théorisée par Olivier de Serres dans son "Théâtre de l'agriculture et ménasge des champs" paru en 1600.

Pour de Serres, qui se fonde sur son domaine ardéchois du Pradel (que ma mère supervisa), la ferme idéale est autonome, autarcique, et n'intervient sur le marché que pour y écouler quelques excédents et, ce faisant, se procurer ce qu'il lui est impossible de produire elle même (et qui n'est que marginal dans sa consommation globale). Pour Steiner c'est pareil, avec le cosmos et son lien au sol en plus.
Mais exit ce modèle "idéal" puisque Mei
ßner nous dit que si plusieurs fermes sont en relation entre elles et se complètent pour former un système indépendant, cela revient au même.
Soit, et "Lamentez-vous, enfants, lamente-toi, monde entier" (BWV 244a : "Klagt, Kinder, klagt es aller Welt").

A ce stade (10h30) nous n'avons toujours pas vu l'ombre du commencement d'un début de preuve expérimentale, ce qui était pourtant vendu ... et peut-être un rien survendu ?

"Ah ! Dieu, combien de tourments" (BWV 3 : "Ach Gott, wie manches Herzeleid"), çà ne s'arrange pas puisque nous en venons au Phylloxéra et aux raisons de son apparition et son développement.

Georg Mei
ßner a une entame que je trouve fâcheuse, une entame en forme d'alternative facts, le truc à la mode.
Évoquant J.O. Westwood (Oxford, 1863) qui reçoit et observe des feuilles de vigne couvertes de gales dans lesquelles il trouve une sorte de puceron (avant d'archiver le tout après observation), Mei
ßner sous entend fortement que l'on ne nous dit pas tout et que tout cela est très louche.
Un truc caché et inavouable.

Il insiste : "vous voyez ce que je veux dire ...".

Ce "vous voyez ce que je veux dire ..." rythmera la journée.
Cette fois là, cette fois là seulement, il tempérera un peu son propos (mais bien tard et bien faiblement) en ajoutant que non, en fait, pas du tout : pas de théorie du complot, quelle idée saugrenue !
Mais alors pourquoi le suggérer si fortement !?

Quelle qu'en soit la raison, le puceron arrive dans l'Hérault et dévaste tout.
Je laisse la parole à G. Mei
ßner : "s'il y a trop de forces de substance et pas assez de forces de lumière, qui peut prendre ce trop de puissance ? Les pucerons ! Car le puceron est un insecte qui suce."

S'ensuit une fine allusion à Justus von Liebig et ses travaux sur la nutrition des plantes.
Justus von Liebig, un type brillantissime que toutes sortes de gens utilisent pour servir leur soupe (Liebig / soupe : c'est dans ces moments là que je m'aime le plus. Donc vraiment beaucoup).
T'as qu'à voir : moi même je sers une bonne grosse louche de Liebig (dans ses échanges avec Pasteur) lorsque je cause levures aux étudiants en DNO !
Oui : "Il n'est rien de sain en ma chair" (BWV 25 : "Es ist nichts Gesundes an meinem Leibe").

Nous basculons brièvement chez Charlie Chaplin quand Georg Mei
ßner évoque le greffage et ses ravages. Il prend en effet exemple de sa démarche si on lui greffait une jambe trop courte.


Putain mais c'est quoi ce délire !?
Faut il vraiment donner dans le bêtifiant et la facilité démagogique pour faire passer son message ? (à plus forte raison quand on fait - parfois - état de constats qui peuvent être pertinents).

Revenant au Phylloxéra il cite Ehrenfried Pfeiffer et le lien que fait ce dernier entre le développement des insectes et les tâches solaires.
Voilà : pour les tâches solaires ben y a des cycles de 11 ans.
Puis quand y a davantage de tâches solaires, ben y a moins d'UV sur Terre. Et là, paf, forcément y a beaucoup plus d'insectes.


C'est évident.
T'en veux de la preuve ?
En vlà de la preuve : un graphique en forme de montagnes russes qui matérialiserait ce cycle des tâches solaires et là, re-paf, en 1869, crise phylloxérique pile poil sur un pic de tâches solaires.

Passons sur les autres pics et, donc, la réelle corrélation entre les deux phénomènes.

Je zappe bien des pans de son intervention dont, par exemple, le couplet sur la D. suzukii.
Mais je songe alors que je suis venu là pour l'entendre parler de ses travaux sur la biodynamie, ses comparaisons, leurs protocoles, leurs résultats : "Voyez donc, et regardez s'il est une douleur comparable à la mienne" (BWV 46 : "Schauet doch und sehet, ob irgend ein Schmerz sei".

Ce long pensum n'a semble-t'il pour but que de bien nous faire entrer dans le crâne que l'agriculteur est responsable de son exploitation et de l'environnement dans lequel il place son cheptel et ses cultures. Il est donc de facto également responsable des éventuelles maladies qui s'y déclarent.
S'ensuit un inventaire très varié de pratiques plus ou moins fâcheuses.
Un inventaire au cours duquel il effleure beaucoup, évoque énormément ("
vous voyez ce que je veux dire ...") mais ne va au fond sur rien.

Tiens : "
les hormones sont un transmetteur d'une situation globale vers l'extérieur", s'ensuit un laïus sur la photosynthèse, ainsi que sur la taille, la couleur et la morphologie des plantes en fonction de l'altitude et la fertilité du sol et, fatalement, le lien à la lumière.
Il nous sert là un gros
chamallow sur lequel il n'y a aucune prise.
On cherchera en vain les liens factuels avec ceci et ce qui précède ou suivra.

C'est au tour de l'Esca.

Son questionnement est double : "quand devient il pathogène ? Quelle est sa fonction ?"
Moi, "
Mon cœur baigne dans le sang" (BWV 199 : "Mein Herze schwimmt im Blut").
Bref retour sur le greffage à cause duquel : "
les plantes vivantes donnent des signes qu'elles ne sont pas si vivantes. La fonction de l'Esca est de transformer le bois mort en humus. L'Esca croit que la plante est morte, alors il l'attaque".

Moi : "Vous, demeures du ciel, vous, brillantes lumières !" (BWV 193a : "Ihr Häuser des Himmels, ihr scheinenden Lichter").



La pause de midi arrivant, nous n'avons toujours pas le commencement du début de l'entame d'un soupçon d'élément factuel.
Il est donc probablement temps d'entonner : "Mon Dieu, combien de temps, combien de temps encore ?" (BWV 155 : "Mein Gott, wie lang, ach lange ?").

S'ensuit la dégustation.

Amphibolite
Joli vin fin, plaisant, équilibré.
Ça tient bien la route.

Maison Blanche (2014)
Jolie matière, élevage présent avec une finale encore un peu raide (quelques années y remédieront).
C'est propre, plaisant, bien fait.




Chastelet
(2014)
Pas ma tasse de thé avec cette maturité qui me semble insuffisante.

Peyrouzelles (2015) de Causse Marines
L'attaque est fraîche. Jolie matière, dans un style léger et friand. Finale un rien plus ferme. Ça donne un vin plaisant à boire, un joli vin de picole dans un style très agréable.



Bout d'Z*n (2015) au Mas de Libian
Encore très jeune.
Belle attaque, finale encore un rien dure du fait de tanins pas encore totalement fondus.
A revoir (sans doute avec plaisir) d'ici quelques années.

Garrigues (2013) de Montirius
Plombé à un point qui le rend indéfendable.
Pour autant, autour de moi certains s'enthousiasment pour ce vin.
J'avoue ne pas comprendre.





Vient un joli buffet, droit sorti d'un food-truck réquisitionné pour l'occasion.
C'est beau, bon, frais et varié et, surtout, c'est l'occasion de revenir sur les vins (dont le Cigalus (2014) de Gérard Bertrand et le Calcaire (2013) de Zind-Humbrecht), avec des mets de textures et saveurs variées.
Top.


"De même que la pluie et la neige tombent du ciel" (BWV 18 : "Gleichwie der Regen und Schnee vom Himmel fällt"), nous reprenons le cours de la journée avec Georg Meißner.

Georg Mei
ßner passe alors un (long) moment sur les problèmes posés par la transformation du paysage pour des raisons de mécanisation, puis sur le modèle industriel et les inadéquations qu'il entraîne quand on en vient aux relations sol/vigne.

Décidément l'introduction de la journée est vraiment très longue, et je commence à craindre que l'introduction de la journée ne soit partie pour durer toute la journée.

A 15h10 nous apprenons (enfin) que "les préparations biodynamiques sont des outils performants".
Mais nous n'en saurons pas plus sur ce qu'elles sont, ce qu'elles font et pourquoi elles le font.
Il se contente en effet d'évoquer une publication dans "Science" traitant des effets sur le sol de BioD, Bio, Conventionnel avec fumier, Conventionnel avec minéral.
Nous n'aurons aucune des références de la publication, et aucune indication sur les protocoles expérimentaux. Nous saurons donc seulement que les surfaces foliaires sont "différentes par leur taille et par leur ouverture".

Quelques photos de feuilles de Mourvèdre et autres cépages sont là pour en "témoigner".
En revanche pas d'information précise sur l'historique du sol, sa nature, et sa nutrition selon les modalités (tant d'un point de vue qualitatif que quantitatif).

A 15H25 vient le tour de la cristallisation sensible.
Nous apprenons alors que cette méthode est plus discriminante que les analyses classiques, mais nous ne verrons aucun comparatif en attestant, car "on quitte l'analyse physique, et on entre dans l'analyse du vivant".
Et la marmotte entonne " Mes soupirs, mes larmes" (BWV 13 : Meine Seufzer, meine Tränen).

Puis c'est un couplet sur mon vieux pote Goethe et la description du vivant, discours "complété" par une ACP venue d'une autre Monde d'où il ressort que le conventionnel donne plus de vigueur, la BioD moins de vigueur et que le bio est intermédiaire.
"L'esprit et l'âme sont confondus" (BWV 35 : "Geist und Seele wird verwirret")

Et là, belote rebelote et dix de der : il clôt l'histoire en souhaitant que l'on mette "l'Agriculteur en lien avec sa responsabilité".

Euh, j'ai pas tout compris là !?
C'est fini ? Mais on n'a pas commencé !!
C'est juste pas possible d'enchaîner sur " Dans la paix et la joie, je m'en vais" !! (BWV 125 : "Mit Fried und Freud ich fahr dahin).

Ben si.
Enfin, d'abord quelques questions avant de passer la parole à Jacques Foures.

Dans les réponses au pas de course nous apprenons en vrac que :
- "la dynamisation a pour but d'informer le sol".
- "la silice restant au fond du dynamiseur elle n'est pas apportée à la vigne, on n'utilise donc cette substance que pour informer l'eau".
- il n'a pas publié dans des revues à peer review mais "çà va venir" (il a pourtant évoqué une publi dans Science !!?), mais "si on veut on peut lire sa thèse qui est en allemand", mais dont on ne sait pas où et comment elle est consultable.
- "sur la cristallisation sensible et sa qualité analytique il y a des publis en peer review", mais il ne peut dire dans quelle revue, ni quand les articles ont été publiés.
- "il y a un problème avec Demeter qui préconise les applications de préparations biodynamiques à des doses trop fortes".


Puis vient Jacques Foures.
Et avec Jacques Foures on commence par basculer à : "Élevez-vous avec allégresse (jusqu'aux sublimes étoiles) !" (BWV 36 : Schwingt freudig euch empor !).

Le seul souci est que sur sa présentation il y a Pluton et que c'est donc soit beaucoup trop tôt, soit beaucoup trop tard.
En effet Pluton n'est plus une planète depuis 2006.
En outre les conférences de Steiner datent de 1924 et Pluton n'a été découverte qu'en 1930.

Y a donc un putain de hiatus et j'ai commencé à fredonner : "Malheureux que je suis, qui me délivrera ?" (BWV 48 : "Ich elender Mensch, wer wird mich erlösen ?").Enfin ce n'est pas vraiment le seul souci.
Il me semble en effet qu'il y en a deux ou trois autres.
Par exemple la référence à Cleve Blackster.
Putain, Cleve Blackster !? Et pourquoi pas le Professeur Tournesol ??

Bien sur on ne peut qu'être d'accord avec J Foures lorsqu'il préconise "la recherche de l'équilibre" et "la création d'un écosystème à l'équilibre".
En revanche, ça devient de suite plus compliqué lorsqu'il nous dit sans rire que la P500 et la P501 c'est le pendant du Yng et du Yang.

Il nous montre alors une photo qui, justement ne montre rien et précise textuellement et délicieusement : "si c'était pris avec plus de recul, on verrait nettement les différences".
On touche au sublime, néanmoins là je crois que : "Il est bon pour vous que je m'en aille" (BWV 108 : "Es ist euch gut, daß ich hingehe").



Heureusement c'est le moment des échanges avec la salle.

Pour commencer, Virginie Maignien (Causse Marines, en BioD) parle de sa démarche et de sa vision du bouzin.
Bon, elle commence par nous dire que "Steiner était clairvoyant. Il est revenu à des découvertes de civilisations anciennes".
Oui, c'est un peu : "Réjouis-toi, troupeau des rachetés !" (BWV 30 : "Freue dich, erlöste Schar")
C'est donc après que çà me cause.
Après, même quand elle dit : "Là où on est on s'y sent bien. Les gens qui y passent se sentent bien aussi. Alors il n'y a pas de raison que la plante ne s'y sente pas bien".
Bon, je crois qu'il y a plein de raison pour que, justement, ce ne soit pas le cas. Mais le discours est joli, comme le vin goûté plus tôt, et puis elle nous parle de son ressenti, de sa vision, sans nous (sur)vendre du globiboulha.
Pour toutes ses raisons j'aime bien son intervention qui, comme son travail et son vin, me semble respectable ... quand bien même je ne partage pas son point de vue.

Alors commencent les questions de la salle.

Je suis alors consterné par le catalogue exhaustif qui est feuilleté avec bienveillance : il va en effet de la géobiologie, à la musique dans les vignes en passant par la mémoire de l'eau, la cosmoculture et autres joyeusetés du même acabit.
On est pourtant en présence d'élèves ingénieur ou œnologue.
Sciences dures, quoi.

Que dis tu ?
Si j'ai posé des questions ?

J'en ai posé une, en effet.
Une première approche.
Un genre de ballon sonde.
Un truc rigolo pour lancer la machine : le coup des importateurs américains qui refusent les vins en BioD car les vegan ont un problème avec les pratiques de la Biodynamie.

Le truc de faux cul quoi, puisque je tente de me servir des vegan pour créer une brèche, avant de m'y ruer avec délices.
Un moyen, pour moi, d'amorcer un échange sur ce que sont les préparations biodynamiques et ce sur quoi se fonde leur nature.

Échec sur toute la ligne car G Mei
ßner me répond que ce n'est pas le moment pour cette question, et qu'il y reviendra plus tard.

Il n'y est pas revenu, ou alors tellement plus tard que tout le monde était parti.
Pour moi ce fut donc "Ich habe genug" (BWV 82).

La traduction officielle et usuelle d'"Ich habe genug" est "je suis comblé".

Mais quand on s'appelle Fuster et que l'on a eu 9 au bac (en allemand, pas en sciences) avec mention "décemment, je ne peux pas faire plus" on se sent autorisé à traduire "Ich habe genug" par : "j'ai ma dose".

Ce n'est toutefois pas la seule double lecture d'"Ich habe genug".

J'ai en effet découvert cette cantate dans sa version "cantate pour basse", chantée par Peter Kooy (avec le chœur et l'orchestre de la Chapelle Royale dirigés par Philippe Herreweghe) :



Puis plus récemment chantée bien plus haut par Philippe Jaroussky (accompagné du Freiburger Barockorchester).




"Ich habe genug", c'est de toute évidence le truc que tu vois et entends différemment selon la partoche et le parti pris de celui qui l’interprète !Nota : les deux versions sont de toute évidence valides, puisque l'une et l'autre écrites par Bach himself.

Valides, un peu comme quand tu regardes une montagne de différents points de vue, ou que tu fais le compte rendu d'une journée consacrée à la biodynamie ...
(oui : si un de mes lecteurs qui était présent à cette journée souhaite en faire un compte rendu contradictoire, je l'hébergerai avec plaisir).



Dans ce billet les textes sont d'André Fuster, les décors sont (pour l'essentiel) de Georg Mei
ßner et l'accompagnement musical est de Jean-Sébastien Bach (sur une idée de Didier Charton que je remercie vivement de ce bon délire, car c'est lui qui m'a dit : "Mais faire un texte humoristique à base de cantates de Bach, serait un sacré (!) challenge").

Sur ce la seule question qui reste est : "Où dois-je m'enfuir ?"

BWV 5 : Wo soll ich fliehen hin ?


Commentaires

  1. Vos articles sur la Bio Dy sont une gourmandise trop rare. Encore ! Pourquoi ne pas les rassembler dans une livre "papier" ? Je suis sûr que vous pourriez trouver un éditeur.
    Alain Leygnier.

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    1. Merci !
      Mais de là à publier ce genre de couillonade (publier vraiment je veux dire. Sur du vrai papier dans un vrai livre :-) ) il y a un pas dont je pense que je ne le franchirai.
      Des bouquins sur ou autour du vin, d'autres font çà très bien (non ?). Moi je ne fais que répondre à des stimulii lorsque l'envie m'en prend et que je suis d'humeur taquine. Je ne crée rien, je ne suis que dans la réaction.
      Non, si je devais tenter une publication, un jour, ce ne serait pas autour de ce genre de chose qui est, je crois, bien sur un support aussi incertain et temporaire que le blog.
      Merci encore, quoiqu'il en soit !

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